Meta AI : quand vos échanges privés deviennent (trop) publics

Lancé fin avril, Meta AI a rapidement conquis des millions d’utilisateurs à travers le monde. Proposé sur les plateformes du groupe (Facebook, Instagram, Messenger), cet assistant intelligent permet de générer du texte, des images, de la musique ou de répondre à toutes sortes de requêtes. Mais derrière cette interface conviviale se cache une faille majeure : le partage involontaire de données sensibles, parfois même dramatiquement personnelles.

Le cœur du problème ? Un bouton de partage mal identifié, présent sous les échanges avec l’IA. Il suffit d’un clic pour que la conversation – supposée privée – soit diffusée auprès des contacts de l’utilisateur. Beaucoup de personnes l’activent sans le vouloir, pensant enregistrer, sauvegarder ou simplement copier leur échange. Résultat : des messages hautement confidentiels se retrouvent accessibles à des tiers, voire à un cercle élargi sur les réseaux.

Et les exemples sont édifiants. Des utilisateurs ont partagé – parfois sans en avoir conscience – des discussions contenant des noms entiers, des adresses, des histoires d’arrestations ou des aveux d’évasion fiscale. Des lettres de motivation, de recommandation ou encore des documents sensibles ont ainsi circulé publiquement, à cause de ce simple bouton à portée de doigt.

Rachel Tobac, une spécialiste reconnue en cybersécurité, a elle-même repéré plusieurs de ces fuites sur des profils ouverts. Certaines conversations affichaient des détails judiciaires précis, d’autres des documents personnels. Une faille d’autant plus critique que Meta ne précise à aucun moment où ces publications sont visibles, ni comment les limiter. Les utilisateurs connectés via Instagram, par exemple, peuvent partager à leurs contacts sans même le réaliser.

Interrogée à ce sujet, l’entreprise mère de Facebook n’a pas souhaité commenter. Aucune mise à jour des paramètres de confidentialité n’a été communiquée non plus, et l’interface reste floue quant à la portée réelle des publications. Ce silence pèse lourd face à une faille aussi évidente qu’exploitable.

Le problème est d’autant plus inquiétant que Meta AI a déjà été téléchargé plus de 6,5 millions de fois. Un chiffre modeste pour un géant du web, mais qui représente tout de même des millions de conversations potentiellement vulnérables. Et contrairement à TikTok, où la population est majoritairement jeune et connectée, les utilisateurs de Meta sont plus âgés, parfois moins à l’aise avec les subtilités des interfaces numériques.

Ce défaut de conception aurait pu être évité si Meta avait simplement pensé que la confidentialité devait être le réglage par défaut, surtout lorsqu’on parle d’un assistant dopé à l’intelligence artificielle, conçu pour répondre à des questions souvent très personnelles.

Le conseil est donc simple : si vous utilisez Meta AI, évitez absolument le bouton de partage, sauf si vous êtes certain de vouloir rendre vos échanges publics. Car ce que vous considérez comme un simple message peut rapidement devenir une bombe à retardement dans la sphère numérique.

La confiance dans les assistants IA repose sur la confidentialité. Et pour l’instant, Meta semble avoir laissé filer ce principe fondamental.

Written by Foxalia