Inégalités salariales : le 8 novembre attire l’attention
Le 8 novembre 2024 à 16h48, un événement marquant se produit : les femmes en France commencent à travailler “gratuitement” en raison des inégalités salariales persistantes avec leurs homologues masculins. Cette date, soigneusement calculée par le collectif féministe Les Glorieuses, met en lumière une réalité préoccupante qui perdure d’année en année.
Depuis 2016, cette initiative vise à sensibiliser le public et à inciter à l’action en utilisant un indicateur basé sur les données fournies par l’INSEE. En effet, l’écart salarial entre hommes et femmes s’établit à 13,9 % pour des postes équivalents en équivalent temps plein, un chiffre qui représente la différence de rémunération brut entre les deux sexes dans les secteurs public et privé, pour les entreprises comptant au moins dix salariés.
Le calcul de cette date symbolique repose sur une méthode précise. En prenant en compte le nombre total de jours ouvrés en France, qui s’élève à 252 pour l’année 2024, Les Glorieuses appliquent l’écart salarial de 13,9 % sur ce total. Cela permet de déterminer que les femmes, au regard de cet écart, commencent à travailler gratuitement à partir de 16h48 le 8 novembre. Ce calcul met en exergue non seulement les disparités salariales, mais également la lenteur des progrès réalisés dans ce domaine.
Il est important de noter que bien que des avancées aient été observées dans la réduction de cet écart, elles demeurent insuffisantes. En comparaison, l’année précédente, la date à laquelle les femmes commençaient à travailler “gratuitement” était fixée au 6 novembre à 11h25, et en 2022, au 4 novembre. Ces chiffres, bien qu’indiquant une légère amélioration, ne masquent pas la réalité des inégalités persistantes. En effet, l’écart salarial global, qui inclut toutes les formes de travail, est bien plus élevé, atteignant 23 % en moyenne, en raison d’un accès inégal aux emplois à temps plein et de la prévalence du travail à temps partiel chez les femmes.
Pour renforcer leur message, Les Glorieuses ont lancé une pétition demandant l’adoption de sept mesures concrètes visant à réduire ces inégalités. Parmi ces propositions figurent l’instauration d’un congé parental équivalent pour les deux parents, l’établissement de l’égalité salariale comme norme ISO, et la nécessité d’augmenter les salaires dans les secteurs à prédominance féminine. Ces mesures s’inspirent de politiques mises en œuvre dans des pays comme la Suède, l’Espagne et l’Islande, qui ont réussi à réduire significativement les écarts de rémunération.
Les Glorieuses soulignent également que l’écart de 4 % à poste et compétence équivalents demeure inexpliqué, ce qui soulève des questions sur les discriminations systémiques qui pourraient encore influencer les salaires. Les différences d’expérience, d’ancienneté et de niveau d’éducation ne sont pas toujours prises en compte dans les analyses, mais elles contribuent à la persistance de ces inégalités.
Les causes des écarts salariaux sont multiples et complexes. La ségrégation professionnelle joue un rôle majeur, avec une concentration des femmes dans des secteurs souvent moins valorisés financièrement. De plus, le recours fréquent au temps partiel pour des raisons familiales ou personnelles accentue les disparités de revenus. Les femmes sont souvent contraintes de choisir des emplois moins rémunérateurs pour concilier vie professionnelle et responsabilités familiales.
Le collectif Les Glorieuses appelle à une prise de conscience collective et à une action concertée de la part des décideurs politiques et des entreprises. Ils espèrent que leurs revendications seront entendues et que des mesures concrètes seront mises en place pour garantir une égalité salariale réelle et durable. La pétition lancée par le collectif vise à mobiliser le soutien du public et à faire pression sur les institutions pour qu’elles prennent des mesures significatives.
Le 8 novembre à 16h48 symbolise une réalité alarmante : les femmes continuent de travailler sans rémunération équitable en raison des inégalités salariales. Bien que des progrès aient été réalisés, il reste encore un long chemin à parcourir pour atteindre une véritable égalité. Les Glorieuses, à travers leur campagne, cherchent à éveiller les consciences et à inciter à l’action, en espérant que les prochaines années verront des changements significatifs dans la lutte contre les inégalités salariales entre les sexes.