Pompiers obligés de se raser : ça va plus loin ?
L’affaire concernant les pompiers de Saint-Étienne, qui contestent l’obligation de se raser pour exercer leur métier, continue de susciter des débats. Le Conseil d’État a récemment confirmé la décision du tribunal administratif de Lyon, mais le fond du dossier doit encore être examiné, probablement au cours de l’année 2025.
Un groupe de sept pompiers de la caserne de la Terrasse à Saint-Étienne poursuit son action en justice, espérant obtenir une clarification sur la légalité de cette exigence. La décision la plus récente, rendue le 18 octobre par le Conseil d’État, a simplement réaffirmé l’avis du tribunal de Lyon, qui avait rejeté une demande en référé en mars. Le tribunal avait alors jugé qu’il n’y avait pas d’urgence à traiter cette question, indiquant que les pompiers concernés pouvaient continuer à travailler à condition de se raser.
Face à cette situation, les pompiers ont choisi de se conformer à cette exigence afin de ne pas retarder leur intégration au Service départemental d’incendie et de secours de la Loire. Ils ont donc rasé leurs barbes et moustaches, mais cela ne met pas fin à leur combat pour contester la légitimité de cette obligation.
Le débat sur la pilosité des pompiers soulève des questions importantes, notamment en ce qui concerne le règlement intérieur en vigueur dans le département par rapport aux directives nationales. Un arrêté du ministère de l’Intérieur stipule que le rasage est obligatoire pour le service, mais précise également que les barbes et moustaches doivent être bien entretenues pour garantir une efficacité optimale lors du port de masques de protection. Cette ambiguïté concernant les normes de rasage et d’entretien de la pilosité masculine mérite d’être examinée de plus près.
Il est intéressant de noter que l’application de cette règle varie considérablement d’un département à l’autre. Des photos prises lors des célébrations en l’honneur de la sainte-Barbe, la patronne des pompiers, montrent que plusieurs pompiers à travers la France, même en tenue complète, ne sont pas toujours rasés de près. Cela soulève des interrogations sur l’uniformité de l’application des règles et sur la nécessité d’une harmonisation des pratiques au niveau national.
L’avocate représentant les pompiers stéphanois, Marie Cochereau, a indiqué qu’une dizaine de départements en France imposent une interdiction stricte du port de la barbe. Ce constat met en lumière la disparité des règlements et les différentes interprétations qui en découlent, créant ainsi des situations inégales pour les pompiers selon leur lieu d’affectation.
Le Service départemental d’incendie et de secours de la Loire (Sdis 42) a également exprimé son attente quant à la décision sur le fond du dossier. Pour l’heure, les pompiers concernés continuent de se plier aux exigences actuelles tout en espérant une résolution favorable qui pourrait modifier les règles en vigueur.
La question de la pilosité des pompiers ne se limite pas à des considérations esthétiques, mais touche également à des enjeux de sécurité et de santé. Les masques de protection, indispensables lors des interventions, doivent garantir une étanchéité maximale pour protéger les pompiers des fumées et des gaz toxiques. Ainsi, la réglementation sur le rasage vise à assurer que ces dispositifs fonctionnent correctement, mais elle doit également être équilibrée avec le respect de l’identité personnelle des pompiers.
À mesure que le débat se poursuit, il est essentiel de prendre en compte les témoignages et les préoccupations des pompiers eux-mêmes. Leur expérience sur le terrain et leur compréhension des enjeux de sécurité doivent être intégrées dans toute discussion sur les règlements en matière de pilosité. Une approche collaborative entre les pompiers, les syndicats, et les autorités compétentes pourrait mener à des solutions qui respectent à la fois les exigences opérationnelles et les droits individuels.